LES LIMITES DU DÉPISTAGE
LE DIAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT DE CANCERS PEU ÉVOLUTIFS
Si le dépistage permet une détection précoce, il peut aussi présenter des inconvénients : le diagnostic et le traitement de cancers peu évolutifs.
Dans l’état actuel des connaissances scientifiques, le diagnostic ne permet pas de distinguer les cancers qui vont évoluer, et qui sont majoritaires, de ceux qui évolueront peu ou n’auront pas de conséquences pour la femme concernée (10 à 20 % des cancers détectés). Pour ces cancers, qui n’auraient pas été découverts en l’absence de mammographie, on parle de « surdiagnostic ». Il est par nature inhérent à tout acte de dépistage.
Par ailleurs, comme il n’est pas encore possible de prédire l’évolution d’une lésion cancéreuse au moment où elle est dépistée, il est souvent proposé, par précaution, de traiter l’ensemble des cancers détectés. Les chercheurs travaillent actuellement à identifier les cancers susceptibles d’être peu évolutifs pour proposer des traitements adaptés.
L’EXPOSITION AUX RAYONS X
Comme toute radiographie, la mammographie expose à des rayons X. Ceux-ci, s’ils sont répétés, peuvent conduire à l’apparition d’un cancer que l’on appelle cancer radio-induits.
C’est l’une des raisons pour lesquelles le dépistage est recommandé uniquement tous les deux ans et à partir de 50 ans si la femme n’a pas de de symptôme ou de facteurs de risque. Par ailleurs, après 50 ans, la composition des seins se modifie et les doses de rayons nécessaires à la mammographie sont plus faibles.
Le risque de décès par cancer radio-induit est de l’ordre de 1 à 10 pour 100 000 femmes ayant réalisé́ une mammographie tous les 2 ans pendant 10 ans. Le nombre de décès évités avec le dépistage est largement supérieur au risque de décès par cancer radio-induit.
À titre indicatif, si une femme suivait strictement la recommandation de participation au programme de dépistage organisé de 50 à 74 ans, elle réaliserait ainsi 13 mammographies. Son exposition aux rayonnements ionisants représenterait alors au total le quart de celle provoquée par un scanner abdominopelvien, acte très courant. Les mammographies représentent en France moins de 2 % de l’exposition totale de la population aux rayonnements ionisants.
Par ailleurs, la dose moyenne d’exposition aux rayonnements ionisants pour une mammographie est six fois inferieure à la dose moyenne d’irradiation naturelle de la population générale en France par an et par personne (2,4 m Sievert pour les rayonnements naturels vs 0,4 m Sievert pour une mammographie de dépistage – données issues de l’IRSN, « Exposition de la population française aux rayonnements ionisants liée aux actes de diagnostic médical en 2012 ». Rapport PRP-HOM N°2014-6 et http://www.inrs.fr/risques/rayonnements-ionisants/exposition-aux- risques.html, consulté le 12/09/2018.).
L’APPARITION D’UN CANCER AVANT LA MAMMOGRAPHIE SUIVANTE
Les cancers de l’intervalle sont des cancers qui surviennent entre deux dépistages. Ces situations sont rares. Pour 1 000 femmes qui réalisent un dépistage, moins de deux d’entre elles développeront un cancer de l’intervalle. N’hésitez pas à consulter un médecin si vous remarquez des changements inhabituels de vos seins entre deux dépistages.
UN TEMPS D’ATTENTE D’ENVIRON 2 SEMAINES AVANT LES RÉSULTATS DÉFINITIFS
Si un premier résultat est communiqué immédiatement après la mammographie, la seconde lecture demande un délai supplémentaire, évalué à 15 jours environ.
UNE SOURCE D’INQUIÉTUDE
Lorsque la mammographie met en évidence des anomalies, des examens complémentaires sont nécessaires pour établir un diagnostic. Dans la plupart des cas, il s’avère que les anomalies découvertes sont bénignes et qu’il ne s’agit donc pas d’un cancer. On parle alors de faux positif. Cependant, l’attente des résultats définitifs peut être mal vécue.
A savoir :
- Le faux positif: dans la plupart des cas, il s’avère que les anomalies découvertes sont bénignes et qu’il ne s’agit pas de cancer. On parle alors de faux positif.
- Le faux négatif: rarement, un cancer présent peut ne pas être repéré. La double lecture des clichés de la mammographie permet de réduire le nombre de faux négatifs.
Dépistage du cancer du sein : à qui vous adresser ?
Le dispositif de dépistage organisé du cancer du sein repose sur la mobilisation de plusieurs professionnels de santé. Le point sur le rôle de chacun d’entre eux.
LE MÉDECIN GÉNÉRALISTE
Le médecin généraliste est votre interlocuteur privilégié sur le dépistage du cancer du sein. Il peut répondre à vos questions et vous informer sur les modalités correspondant à votre âge et à votre niveau de risque. Il peut aussi vous accompagner lors de votre suivi ou assurer une surveillance adaptée si vous présentez des facteurs de risque particuliers. Si une anomalie est décelée par la mammographie, il assure la coordination de votre prise en charge (examens complémentaires, diagnostic, éventuel traitement).
La consultation chez un médecin généraliste vous sera remboursée 16,50 euros sur la base du tarif conventionné de 25 euros (source : ameli.fr). Le reste du règlement est remboursé par votre complémentaire de santé (assurance, mutuelle) si vous en avez une.
A noter : si vous êtes bénéficiaire de l’aide médicale de l’État (AME) ou de la complémentaire santé solidaire (ancienne CMU-C), vous n’aurez rien à débourser. L’assurance maladie prend en charge l’intégralité du coût de la consultation.
LE GYNÉCOLOGUE
Le gynécologue est un autre acteur essentiel du dépistage du cancer du sein. Il peut vous adresser à un radiologue et vous donner son avis sur les mammographies réalisées lors du dépistage. En cas d’anomalie décelée à la mammographie, il peut vous accompagner lors de vos examens complémentaires pour en rechercher les causes et vous orienter vers des spécialistes.
La consultation chez un gynécologue vous sera remboursée 18,60 euros sur la base du tarif conventionné de 30 euros (source : ameli.fr). Le reste du règlement est remboursé par votre complémentaire de santé (assurance, mutuelle) si vous en avez une.
Certains médecins dits « à honoraires libres » peuvent demander un prix de consultation plus élevé. Ils affichent alors leurs tarifs dans la salle d’attente. Si ce n’est pas le cas, ou pour en savoir plus sur ce que vous devrez payer, adressez-vous directement au médecin.
La sage-femme est également un interlocuteur et ce notamment lors des consultations de prévention et de suivi gynécologique. Elle peut réaliser un examen clinique de vos seins. Par ailleurs, elle peut vous informer et vous orienter sur les modalités de suivi les plus adaptées correspondant à votre âge et à votre niveau de risque.
LE RADIOLOGUE AGRÉÉ
Le dépistage organisé du cancer du sein comprend un examen clinique et une mammographie (examen radiologique) de chaque sein (face et profil) avec une double lecture des clichés. Ces examens sont effectués par un radiologue agréé, exerçant en ville ou dans un établissement de santé, qui a reçu une formation complémentaire et dont les installations de mammographie sont conformes à la réglementation en vigueur en matière de contrôle de qualité. Vous pouvez le choisir librement sur la liste envoyée avec votre invitation au dépistage : cette liste est actualisée tous les six mois.
Dans le cadre du programme de dépistage organisé, le coût des clichés de mammographie est directement pris en charge par l’assurance maladie : vous n’avez pas d’argent à avancer. S’il est nécessaire de vous faire réaliser des examens complémentaires, comme une échographie des seins, ils vous seront remboursés par l’assurance-maladie à hauteur de 65 % sur la base du tarif conventionné. Le reste est remboursé par votre complémentaire de santé (assurance, mutuelle) si vous en avez une. Si vous êtes bénéficiaire de l’aide médicale d’Etat (AME) ou de la complémentaire santé solidaire (ancienne CMU-C), vous n’aurez rien à payer.
LE MÉDECIN DU TRAVAIL
Lors des visites annuelles, d’embauche ou de reprise, le médecin du travail vous sensibilise à l’importance des dépistages, notamment celui du cancer du sein.
Les visites chez le médecin du travail sont prises en charge par votre employeur : vous n’avez pas d’argent à débourser.
LE PHARMACIEN
Le pharmacien peut répondre à vos questions sur le dépistage du cancer du sein et vous orienter, si besoin, vers votre médecin ou vers le centre de coordination des dépistages des cancers de votre région.
LE CENTRE RÉGIONAL DE COORDINATION DES DÉPISTAGES DES CANCERS
Les centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (CRCDC) organisent en région les programmes de dépistage organisé des cancers du sein, colorectal et du col de l’utérus. Ce sont eux, notamment, qui envoient les courriers d’invitation au dépistage. Si vous n’avez pas reçu cette invitation, vous pouvez contacter le centre régional ou consulter votre médecin traitant.
Les centres régionaux ont également pour missions :
- De gérer et d’assurer la sécurité des fichiers des personnes ciblées par les dépistages ;
- De participer à la sensibilisation et à l’information des populations concernées ;
- D’organiser la formation des médecins et professionnels de santé sur les dépistages ;
- D’assurer le suivi des dépistages ;
- De veiller à la qualité du dispositif ;
- De collecter les données pour le pilotage et l’évaluation des programmes.
- Consulter les coordonnées des centres régionaux de coordination des dépistages des cancers(CRCDC) :https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Se-faire-depister/Centres-regionaux-de-coordination-des-depistages-des-cancers
- Consulter le livret d’information sur le dépistage organisé du cancer du sein : « Dépistage des cancers du sein : s’informer et décider » : https://www.e-cancer.fr/Expertises-et-publications/Catalogue-des-publications/Livret-d-information-sur-le-depistage-organise-du-cancer-du-sein